La thèse de sociologie sur l'auto-partage en France
mis à jour le 9/02/03

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Le contexte actuel urbain en matière de déplacement pose de nombreux problèmes sur lesquels je ne vais pas revenir ici.
Simplement, les déplacements urbains sont aujourd'hui en majeure partie effectués grâce à la voiture particulière. Et, au regard de nombreuses études récentes, la voiture particulière en ville représente une nuisance qui, à terme, conduira les autorités, poussées par les citadins, à interdire son usage dans pratiquement tous les centres urbains français. Les réglementations urbaines, avec les PDU, la loi sur l'air, qui sont de plus en plus strictes, peuvent en être l'illustration.

• L'auto-partage, un sujet de thèse ?
Certes, l'auto-partage au meilleur des cas touche moins de 5% de la population ayant le permis de conduire. Mais ce concept reste très intéressant pour comprendre les mécanismes de choix individuels face à des problèmes collectifs comme la pollution atmosphérique et la saturation des axes routiers.

L'auto-partage est un exemple empirique des mécanismes qui déterminent les pratiques sociales avec comme cadre les comportements de déplacement en milieu urbain ; la mobilité quotidienne locale.

L'auto-partage fait partie d'un ensemble d'innovations sociales qui contribuent à faire évoluer les comportements vers un meilleur respect du concept de ville durable. Système qui permet de considèrer la voiture comme un instrument parmi d'autres dans l'offre des modes de déplacement.

L’auto-partage est une bonne entrée car elle illustre une prise en mains par le citoyen et par le consommateur du problème. Par le citoyen, car les pionniers font consciemment une action “éco-citoyenne” en adhérant à l’auto-partage. Par le consommateur, car l’introduction d’un produit et service innovateurs tel que l’auto-partage (service éco-efficace) facilite de nouvelles pratiques plus respectueuses du cadre de vie urbain.

Enfin, le développement de l’auto-partage en France montre que le cadre institutionnel (PDU, Journée sans ma voiture, SRU, etc.), culturel (détachement de la valeur d’usage et du produit, etc.) et comportemental (plus en plus sensible aux problèmes environnementaux) est aujourd’hui mûr pour aborder concrètement les problèmes de déplacements urbains.

Pour aller vite, l'auto-partage permet d'entamer une réflexion sur :
- les conditions de développement de produits dit éco-efficaces (l'auto-partage est un exemple empirique)
- les figures des pionniers et des entrepreneurs
- la dynamique du tissu urbain et les enjeux de la mobilité urbaine, notamment la place de la voiture en ville (gestion de l'automobile en ville, création de véhicules urbains, etc.)
- les politiques de la ville et de l'aménagement urbain, les modes d'interventions et leurs efficiences (bottom-up, incrémental, win-win)
- les comportements de déplacements et les raisons des choix effectués
- les changements de comportement modaux et d'achat des Français qui accordent de plus en plus d'intérêt à l'utilisation d'un produit, plutôt qu'à sa possession (nouveaux modes de consommation et de perception de la voiture)
- les effets de composition des comportements individuels qui produisent des effets inattendus, non intentionnels et dont personne n'est directement responsable (pollution – fait social). Dilemme du comportement individuel et des effets de composition.

• Deux mots sur la méthodologie
La méthodologie s'organise autour de quelques questions dont :
- Quels facteurs déterminants président à l'adoption de l'auto-partage ?
- Quelles sont les modalités d'utilisation de l'auto-partage ?
- Comment sont perçus les systèmes d'auto-partage parmi les clients qui l'ont expérimenté ; parmi les clients potentiels ?
- Quels changements dans les comportements et les habitudes de déplacement peuvent être observés depuis l'adhésion à l'auto-partage ?

Pour répondre à ces questions, des approches de différents types sont utilisées :
- Une approche quantitative qui repose sur des questionnaires qui s'intéressent à l'utilisation et à la perception du système d'auto-partage par les abonnés ; des données statistiques d'utilisation des voitures partagées pour chaque adhérent.
- Une approche qualitative, fondée sur la réalisation d'entretiens de type semi-directifs, tant avec des adhérents qu'avec les porteurs de projets. Des tables rondes réunissant des adhérents à l'auto-partage sont aussi réalisées. Des carnets de routes, observation de terrain, etc.

Sébastien Noguès